Edito

La contestation monte et elle se retrouve sur le net. Ici c'est la colère qui monte. Les citoyens réunis ont dépassé l'impression de délaissement de la république ou encore de désertification du territoire : tout cela se voit, les écoles sont menacées, les hôpitaux se font de plus en plus rares, les tournées des postiers sont de plus en plus longues... Forcément des usines ferment, les commerces végètent, les habitants doivent quitter un territoire qu'ils aiment pourtant et tout le monde conteste.
Nous nous sommes réunis une première fois, un petit nombre, nous avons discuté et décidé de nous réunir une deuxième fois, et puis le nombre de participants s'est étoffé. Nous nous apercevons que notre territoire n'est pas le seul touché, n'est pas le seul à se révolter.
Chaque habitant est lié à l'autre : LIBERTE FRATERNITE EGALITE
SOLIDARITE

dimanche 22 février 2009

CRESSAT : un début de débat citoyen.

Village de CRESSAT. Samedi 21 février à 15h00.

Devant la mairie, le collectif Colères Solidaires installe la déco : un cercueil couvert de banderoles : 350 fonctionnaires vont disparaître en Creuse en 2009. Hôpitaux : 60 postes, EDF : 10, finances : 20, DDASS : 50, éducation nationale : 45…

Le ton est donné. Les manifestants se rassemblent doucement pour répondre à l'invitation au goûter citoyen.

Jean Auclair a répondu présent. Sourire aux lèvres, il accueille tous les arrivants. Le soleil brille mais le vent souffle et le froid est sévère. Un texte résumant les doléances des citoyens est lu : refus de toutes ces suppressions de postes, inquiétude devant l'évolution des services publics, malaise de la population, éducation nationale : catastrophe pour l'année à venir notamment avec les classes qui ferment, la suppression des RASED…

Puis le député prend la parole, il s'auto-congratule pour tout ce qu'il a fait jusque-là. Il n'a pas fini sa première phrase qu'un militant du NPA commence à l'insulter et lui coupe la parole… Heureusement, il se retrouve isolé dans cette attitude de rejet stérile et le député finit tant bien que mal sa vision des services publics. Le micro est offert ensuite à qui veut prendre la parole. On assiste alors à une fresque colorée des différents intervenants.

Il faut souligner que le tableau dressé par chacun dans son domaine est plus qu'alarmant : personnels de santé, cheminots, représentant du CDDSP, professeurs, un directeur d'école interviendra aussi, un juge, des syndicalistes, une AVS, des simples citoyens, des lycéens…

Le député reste imperturbable, le sourire aux lèvres. Pour lui tout va bien. On assistera tout de même à des scènes surréalistes comme celle où il déclare avoir créé le Tribunal de Commerce de Guéret et nie l’existence d’un Tribunal antérieur alors qu'une intervenante témoigne du fait qu'elle en était la présidente et que celui-ci a fermé. Après vérification, on parlait de deux tribunaux différents : le Tribunal de Commerce public a bien existé et fermé pour être remplacé par un tribunal privé… tout un symbole ! Mais pour M. Auclair tout est soutenable comme le fait que pour lui il n'y a aucune suppression de postes dans le primaire : il y en a 16 officialisées cette semaine par le préfet contre l'avis majoritaire du CDEN, mais la démocratie là non plus n'existe pas !

On passe aussi au bord de l'incident quand un jeune du PS vient provoquer le député qui refuse d'écouter… il y a visiblement un lourd passif entre eux. Le jeune repart aussitôt après avoir pris la parole. Mais cela donnera un bon mot d'une enfant présente : "Pourquoi le député il dit qu’il écoute tout le monde alors qu’il est rentré dans la mairie quant l'autre a parlé ?»

Mais le tableau dressé de l'avenir du pays par tous les intervenants est sombre, les cas très concrets et argumentés… Le député trouve la réunion sympathique ! Un intervenant vient relever le dérapage sémantique du député lorsqu'il parle de service « au » public alors que les manifestants eux, veulent défendre le service public, services pour tous, même pour ceux qui ne pourraient pas se les payer.

Mais l'accent est mis sur l'impossibilité de dialoguer, parce qu'il y a deux idéologies qui s'opposent. Les mots appellent au combat, à la lutte, la guerre n'est pas loin… Le député prend les noms de ceux dont la situation semble trop criante, il les appellera !

Pourtant les organisateurs ont annoncé qu’ils voulaient placer le débat au-delà des clivages « droite gauche », de cette séparation arbitraire qui fait que les êtres humains doivent se placer d’un côté ou de l’autre. Ces citoyens-là pensent qu'une autre approche est possible. Peut-être aurait-il fallu mieux expliciter que pour eux rentrer dans cette opposition "à la droite", à la classe dirigeante, c'est encore et toujours faire vivre et nourrir le système. Ce qui est dénoncé a besoin d'opposition pour se renforcer, pour justifier sa légitimité.

L'exemple de CRESSAT a été parfait pour cela : "Ceux de gauche" avaient "les boules" que le député s'en soit si bien sorti, les plus extrêmes qu'on lui ait laissé la parole… Pour ceux-là la démocratie ne doit pas être un modèle à suivre et la violence exprimée n'est pas loin d'une forme d'intolérance fascisante.

"Celui" de droite était content de lui. Tout va bien puisque "je suis le roi", "j'ai le pouvoir et je vais tout vous expliquer, je vais vous donner de l'argent et vous serez gentil…" (L'argent des contribuables comme il lui a été rappelé plusieurs fois !)

C'est le tableau de la fracture sociale mais aussi celui d'un ego surdimensionné auquel nous avons assisté.

Pourtant, tout le système est en train de se casser la gueule. Même si ce n’est encore dit qu'à demi-mot, c'est tout le système financier qui va s'écrouler et toute la hiérarchie qui va être remise en cause.

C'est pourquoi le collectif Colères Solidaires souhaite, une fois le constat d'échec des politiques, des gouvernements successifs fait, que l'énergie soit mise dans la construction de nouvelles solidarités, dans une réelle mobilisation citoyenne, c'est-à-dire là où les gens sont capables de donner un peu d'eux-mêmes, un peu de leur temps pour le mieux-être de tous. Mais surtout pas uniquement pour leur intérêt propre.

Nous étions seulement deux cents. Beaucoup d'élus (de gauche) (dont le deuxième député de Creuse) avaient dit qu'ils viendraient et, à part des conseillers municipaux d'Aubusson que nous remercions pour leur présence, les autres ont manqué à l'appel ! C'est pourtant à tous les élus que les personnes présentes voulaient s'adresser. C'est pourtant nous tous qui sommes concernés par l'avenir de ce territoire.

A CRESSAT, la parole a été donnée et beaucoup avaient à dire. La palette était large et reflétait parfaitement l'urgence d'un changement radical. Pour certains cela doit passer par la lutte, pour d'autres par l'opposition, pour d'autres enfin par un changement d'état d'esprit.

Si nous sommes tous liés, le monde à construire est avec tous, aucun ne doit être rejeté. Le dialogue est la base de l'ouverture, l'écoute le socle de l'avenir. Il n'y aura jamais une vérité, il ne peut y avoir que des complémentarités qui se dessinent peu à peu si l'on est d'accord pour rechercher le bien être du plus grand nombre, pour rechercher l'intérêt général avant l'intérêt particulier.

Évidemment, si certains prétendent le faire, mais que tout montre qu'ils font le contraire, il ne faut pas qu'ils s'étonnent que d'autres, à bout de ne pouvoir manger à leur faim, d'avoir perdu toute dignité ou leur travail… deviennent violents. Qui sème le vent récolte la tempête !

Qui sème la paix…

Hervé, collectif Colères Solidaires

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Colère ? Solidaires ?
Je viens de lire le résumé de l'action de Cressat, et je suis étonné de la teneur de celui ci.
En effet, dès le départ, je suis surpris de la présentation : « Un texte résumant les doléances des citoyens est lu ». Je sais bien que le vocabulaire est volubile mais employer le terme de « doléances » est assez original quand on veut exprimer une colère face à la casse systématique du service public.
Les Doléances sont des requêtes adressées par un tiers à une autorité politique ou religieuse essentiellement pour faire des remarques, ou pour exprimer un souhait.
Je suppose donc qu'elles étaient destinées à l'autorité publique que représente le député de la 2e circonscription, et que les « citoyens » sont démocratiquement représenté par le collectif « Colères Solidaires » ?! De simples remarques ? Des souhaits ? Et pourquoi pas une lettre au père Noël ? Passons !
Ensuite, les choses deviennent plus précises car si je comprends bien, une tribune était offerte par le collectif Colères Solidaires afin que le député puisse exprimer l'ensemble de ces actions en faveur du service ... au public ! Et pauvre de lui, il y aurait des personnes dans l'assistance (car limiter cela à un militant du NPA est mensonger puisque de nombreux participants ne comprenaient pas l'utilité de cette tribune) qui trouveraient ça insupportable !
« Rejet stérile » pouvons nous lire de la caractérisation de ceux et celles qui n'ont finalement qu'une attitude COHERENTE, car il faut être un peu sérieux quand on veut parler au nom des citoyens et qu'on décide de commencer par une liste à la Prévert des services publics qui disparaissent du territoire. Qui vote les lois qui cassent le service public ? Et bien, ce même député à qui vous offrez une jolie tribune ! Pas étonnant alors qu'il trouve « la réunion sympathique » même si il tourne casaque devant le « jeune du PS » (au passage, je préfère militant du MJS que jeune du PS qui est réducteur et assez offensant comme quand on dit jeune de banlieue) qui, vous devez certainement le savoir, tient son « lourd passif » de la campagne des législatives avec Michel Moine.
Puis vous constatez qu'après les interventions des différentes personnes qui témoignent de la casse du service public dans l'ensemble des secteurs, une « impossibilité de dialoguer, parce qu'il y a deux idéologies qui s'opposent » vient perturber un dialogue qui devait se tenir entre gens de bonne volonté, entre « humain » allez-vous même jusqu'à dire !!
La messe est dite. Nous sommes tous des êtres humains, nous devons nous transcender au delà « des clivages droite gauche » ! Ceux qui refuseraient cela et qui pensent (honte à eux) qu'il existe bien un clivage droite gauche, dominant dominé, qui ne confondent pas « idéologie de gauche » et « partis de gauche » car ils ont également la mémoire des gouvernements socialistes et consorts qui ont privatisé France telecom, Air France et voté l'ensemble des directives européennes qui ouvrent le service public à la concurrence, sont accusés d'être « pas loin d'une forme d'intolérance fascisante » !! Tout est dis, et surtout écrit ! La prudence de la formulation « pas loin » ne diminue pas l'insulte faite à l'ensemble de ces citoyens et de ces citoyennes qui sont venus à Cressat ce jour là soutenir une action dite « de colère citoyenne ». Ceux et celles qui se battent depuis des années pour défendre le service public, ici et ailleurs, et qui n'ont pas attendu une réunion du 7 février du sud de la creuse pour appeler à la résistance face à ce qu'il est légitime d'appeler des adversaires, vont être ravis d'être assimilés à des fascistes.
Donc merci pour la leçon (ouf ce n'est plus l'inquisition sinon les affreux gauchistes auraient été brulé sur la place publique de Cressat !), mais leçon pour leçon, voici la mienne puisque la parole est « offerte ». Si il y a bien une chose dont nos sociétés crèvent à petit feu, c'est de la dépolitisation. A force de nier les clivages idéologiques (au passage c'est l'argument phare de Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy!) on arrive à une société ou l'individualisme prend le pas sur le collectif, ou l'Histoire ne tient plus lieu de repère et de mémoire partagée et constructive, ou l'on analyse le monde par des explications du type « avant il y avait des dinosaures, maintenant il n'y en a plus » (CF J. Chirac pour expliquer la fermeture des entreprises ) ou «la vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » (Cf Laurence Parisot MEDEF) ou « si nous sommes tous liés, le monde à construire est avec tous, aucun ne doit être rejeté » (Cf Hervé, collectif Colères Solidaires.) et donc en niant la nécessité d'un rapport de force, du courage de la lutte, et donc de la précision à apporter sur le combat à mener.

Anonyme a dit…

Merci Christian pour toutes ces remarques. Le texte d'introduction de Cressat était adressé à tous les élus, mais bien peu étaient présents et J. Auclair "en petit roi en sa demeure" a, il est vrai, profité de l'évènement pour se mettre en avant.
Le but n'était pas de lui donner une tribune et au final il a bien du écouter toutes les revendications ! - et non les doléances j'en conviens -
La parole à Cressat était donc offerte à tous, à tous les citoyens qui le désiraient. Certes le gouvernement casse les services publics et ce député y participe activement... mais qu'ont fait les précédents ?
Le but n'était pas ce jour là de dialoguer, personne ne croyait au miracle, mais de dénoncer la casse publiquement, de témoigner, de revendiquer clairement et de faire au mieux remonter tout ça, si les élus avaient fait leur travail ensuite...
Je comprends aussi que l'on soit choqué par le fait de se concevoir en tant que citoyen -ni de droite ni de gauche- lorsque l'on est habitué à fonctionner par idéologie. Mais je n'ai pas parler de dépolitisation. On peut être engagé et militant, lutter contre la politique de ce gouvernement sans être forcément de gauche ! Même s'il est vrai que Sarko and co se servent de ce genre de propos pour séduire "les masses"; il tiennent m^me de plus en plus des discours de "gauche" et font une politique pire que tous ce que Le Pen proposait il y a quelques années : c'est dire !
Quant à la phrase "pas loin d'une forme d'intolérance fascisante" je l'avais retiré dans le texte à publier, car je conviens humblement qu'elle est excessive et ne reflétait en rien la grande majorité es personnes présentes. Pour autant je trouve stérile d'empêcher de parler ceux qui ne pensent pas comme nous. Ainsi nous avons tout de même pu voir et entendre la surdité de notre député.
Personnellement quand je n'ai confiance en aucun candidat je préfère m'abstenir que voter pour le moins pire ! Quand on voit que le système est pourri et que le toit nous tombe sur la tête, il vaut mieux arrêter de colmater les fissures...
Finalement c'est l'effondrement général qui permettra peut-être de repartir sur des bases plus saines.

Anonyme a dit…

Le texte modifié ne m'est jamais parvenu.
Philippe